L’époque de Platon nous paraît si loin, si ancienne, pourtant nos professeurs de philosophie nous assurent que sa pensée reste d’actualité. Évidemment les choses ont changé depuis Platon, mais la nécessité de séparer le bon grain de l’ivraie est toujours aussi présente à notre époque. « Séparer le faux du vrai, séparer la fiction de la vérité, dévaloriser la tromperie pour mieux cultiver l’honnêteté, voilà ce que nous a transmis Platon », croyons-nous pouvoir affirmer avec certitude.
L’analogie platonicienne de la ligne exprime une vision particulièrement hiérarchisée et cloisonnée du savoir. Pour progresser dans la connaissance du vrai, nous dit Platon, il faut passer du monde visible au monde intelligible. Comme nous l’avons vu, les deux mondes sont séparés, ils ne doivent pas être confondus. Il est plutôt clair que cette vision de la science n’a pas traversé les âges en se répandant dans l’opinion commune de notre époque.
Les scientifiques conservent plutôt de Platon une certaine méfiance à l’égard des discours qui ont recours à une méthode douteuse à leurs yeux. Le scepticisme que suscite l’astrologie est un exemple parmi tant d’autres. Car la méthode scientifique semble garantir le réalisme des discours. Par réalisme du discours, j’entends pour l’instant l’idée toute simple qu’il existe des discours plus près du réel que d’autres. Plus un discours est réaliste, plus il se rapproche du réel, plus il se rapproche de la vérité. Le réalisme rappelle l’idée platonicienne d’une hiérarchie des connaissances, devenue aujourd’hui hiérarchie des discours. De la fiction non réaliste (Le magicien d’Oz par exemple) à un témoignage réaliste (n’importe quelle biographie), on saisit bien ce rapprochement du réel que laisse entendre le réalisme. Mais le réalisme de la fiction ne suffit pas pour les philosophes qui espèrent atteindre finalement le sommet de la hiérarchie des discours, là où trônent les théories scientifiques réalistes.
Un grand nombre de philosophes contemporains sont fascinés par le réalisme des théories des scientifiques. En termes simples, ils se demandent quelles sont les conditions (scientifiques ou philosophiques) qui font qu’une théorie colle à la réalité. Le moment semble bien venu de souligner la contribution des mathématiques au réalisme des sciences. Pour les spécialistes, l’évaluation du réalisme des théories passe souvent par l’intermédiaire de ce que les scientifiques appellent des modèles mathématiques prédictifs. La notion scientifique de modèle s’apparente à la notion commune de modèles à coller, ces reproductions en miniature de voitures ou d’avions. Un modèle prédictif est une reproduction à une petite échelle d’un phénomène naturel ou social. Voici un petit exemple lu à la une du journal Le Devoir au matin des élections provinciales du 26 mars 2007 :
Les modèles mathématiques ne s'entendent pas sur l'issue du scrutin de ce soir. Après une dizaine de « projections », le chercheur Greg Morrow, auteur du site Internet DemocraticSpace, a révélé sa « prédiction », hier : selon lui, les libéraux formeront un gouvernement minoritaire avec 55 sièges (35,7 %), les péquistes en obtiendront 47 (avec 29,9 %) et l'Action démocratique, 23 (25,9 % d'appui). L'autre site Internet proposant un modèle mathématique (moins raffiné que celui de Morrow), « Election Predictor », de HKDP, entrevoit – tant à partir du dernier [sondage] CROP que du dernier [sondage] Léger – une égalité de sièges pour les deux principaux partis : 50 libéraux, 50 péquistes et 25 adéquistes. [Pour ceux que cela intéresse, les deux modèles mathématiques étaient particulièrement dans les patates. Le résultat final a plutôt été de 48 libéraux, 41 adéquistes et 36 péquistes. Quand les mathématiques statistiques font autant dans la fiction, on ferait mieux de consulter une voyante… – AB]
Pour prendre une autre exemple sûrement plus sérieux, on n’a qu’à penser aux modèles climatiques dont les météorologues se servent pour prédire quotidiennement les conditions climatiques dans un avenir plus ou moins rapproché. Dans ce cas-ci, les modèles sont des simulations mathématiques calculées grâce à des ordinateurs très puissants. De façon générale, un modèle est tout à la fois une extrapolation prédictive calculée à partir de données de départ, une application d’une ou de plusieurs théories sous forme de programme informatique, une projection mathématique permettant de tester le réalisme des théories scientifiques. Le modèle est l’un des instruments de prédiction des plus communs en science. De plus, c’est un instrument perfectible. Plus le modèle prédictif gagne en précision, plus on le considère comme réaliste et fiable. Mais paradoxalement, comme il est toujours perfectible, cela signifie aussi qu’il n’est jamais qu’une approximation du réel, puisqu’il ne tient compte que de ce qui est mesurable et calculable par un ordinateur.
Je ne veux pas me lancer dans une analyse approfondie du rapport entre théorie et modèle mathématique. Je présente la notion de modèle avec l’intention de comparer l’intérêt qu’il suscite chez les gens ordinaires, les scientifiques et les philosophes. Aux yeux de la population ordinaire, le modèle n’est pas vraiment plus qu’un programme d’ordinateur qui fait des prédictions que les journalistes adorent citer pour faire sérieux ou « scientifique ». Aux yeux des scientifiques, le modèle prend souvent la forme d’une simulation par ordinateur, il ressemble à un jeu vidéo que l’on essaie de rendre de plus en plus réaliste. Ils construisent le modèle, ils le paramètrent, ils le mettent en marche, et ils en récoltent des résultats prédictifs. Ensuite, ils comparent leurs résultats aux résultats réels. Plus la prédiction est juste, précise, plus ils sont contents. Mais comme rien n’est jamais parfait, ils cherchent toujours le moyen de perfectionner leur joujou numérique.
L’intérêt des philosophes pour le modèle scientifique relève plutôt de leur fascination millénaire pour la vérité et les mathématiques. Le modèle mathématique est l’exemple par excellence de notre quête de vérité, une quête vers un plus grand réalisme de nos théories. Comme chacun sait, pour trouver la vérité, il est nécessaire d’identifier ce qui est faux et de l’écarter. C’est exactement ce que permet de faire le modèle mathématique dont l’intérêt se trouve dans sa capacité à tenir compte de ce que nous pouvons mesurer et à calculer à partir de ces données mesurables des prédictions vérifiables. Si un modèle fait des erreurs, si ses prédictions sont incorrectes, imprécises, peu fiables, il finira bien par être écarté par les scientifiques. À l’inverse, si le modèle mathématique est fiable, si ses prédictions sont bonnes, toute autre discours non scientifique qui se permet des prédictions concurrentes sera dénigré. « Voilà comment aujourd’hui nous écartons le faux grâce aux mathématiques », disent les philosophes. (Entendez-vous l’écho de la voix du Socrate de Platon nous rappeler que la mesure et le calcul font d’excellents préservatifs contre les illusions?)
Évidemment, ce ne sont pas tous les philosophes vivants aujourd’hui qui s’intéressent aux mathématiques ou à la vérité des sciences. Cependant, ils ont tous un point en commun. Ils sont tous fascinés par la diversité des raisons de croire en quelque chose de vrai. Chacun se dévoue à sa façon aux discours qui donnent des raisons, aux actions qui se justifient, aux vérités qui s’expliquent. Les philosophes sont ainsi gravement sensibles à la nécessité de se définir des « bonnes raisons » et de s’y tenir. La fascination pour les mathématiques chez une partie des philosophes n’est que l’expression d’une sensibilité particulière pour des raisons mesurables et calculables. Pour eux, les critères par excellence d’une bonne raison sont la mesure et le calcul mathématiques.
Tout le présent chapitre se déroule autour d’un thème : la filiation du réalisme de la philosophie de Platon à la philosophie d’aujourd’hui. Autrement dit, qu’avons-nous conservé de Platon, et qu’avons-nous rejeté? Qu’avons-nous transformé au cours des siècles d’histoire de la philosophie?
Quand je parle de philosophie d’aujourd’hui, je dois admettre une prédilection pour une branche relativement récente de la philosophie. Cette branche se nomme « philosophie de l’esprit » (philosophy of mind en anglais). Que des philosophes s’intéressent à l’esprit et à sa sœur jumelle, la pensée, ne devrait surprendre personne. Tout est évidemment dans la manière…
Les philosophies de l’esprit sont les dignes descendants de la philosophie analytique, un courant philosophique qui a vu le jour à la fin du 19e siècle et qui a dominé le 20e siècle, en particulier dans les universités américaines et britanniques. Dans le petit monde de la philosophie, les philosophes analytiques ont la réputation d’être extrêmement rigoureux dans la manière de défendre leurs arguments. La plupart ont une solide formation en logique et un intérêt marqué pour les sciences. Cela se voit souvent dans leurs écrits, ils n’hésitent pas à avoir recours à des formules logiques pour exprimer leurs idées.
Mais qu’est-ce que la philosophie de l’esprit peut bien retenir de Platon? Une fascination pour les mathématiques, sans doute. Toujours motivés par la recherche de bonnes raisons de croire ce qu’ils croient, les philosophes analytiques de l’esprit ont retenu que les meilleures explications, les plus vraies, devaient s’inspirer des mathématiques. Cela explique aussi leur engouement partagé pour les sciences.
Que feriez-vous sans le langage que vous utilisez tous les jours? Seriez-vous même seulement capable de penser? La philosophie analytique de l’esprit est dans un premier temps une prise de conscience, celle de l’importance du langage pour comprendre la pensée. Comment le langage exprime-t-il la pensée? En voilà une question à propos d’une évidence si ordinaire! Pourtant, tout le monde devrait bien savoir que rien n’est simple au royaume de la philosophie.
Mais avant de continuer, je vous demande, où se trouve la pensée? Avec l’esprit? Dans la tête? Dans le cerveau? Toutes ces réponses, dites-vous… Convenons pour l’instant que la pensée se trouve dans la tête, à tout le moins dans le corps de l’individu qui pense. Chacun a ses pensées personnelles que personne d’autre ne peut connaître. Chacun a sa propre pensée, néanmoins nous avons appris à partager ou à transmettre nos pensées grâce au langage. Le langage est le moyen d’expression de la pensée le plus commun, le plus ordinaire qui soit. Des philosophes ont voulu savoir à quelles conditions le langage pouvait transmettre ou garantir la vérité des pensées.
Nous transmettons nos pensées grâce à des propositions linguistiques. « Je veux boire un café », « Je pense à ma femme », « Il fera beau demain, c’est ce que la météorologue a annoncé à la télé », ce sont des propositions parmi des millions d’autres possibles qui expriment ce que nous pensons, ce que nous croyons, ce que nous voulons. Cette pensée qui s’exprime par des propositions, c’est la pensée propositionnelle, celle que tout philosophe de l’esprit voudrait expliquer. À celle-ci tout de suite s’oppose l’existence d’une pensée non propositionnelle, une pensée qui ne s’exprime pas par les mots du langage.
Dans la continuité de Platon, l’intérêt pour le langage des premiers philosophes analytiques ne pouvait se justifier que sous le signe des mathématiques. Pour eux, le combat philosophique contre le faux et l’illusion se mène avec les armes des mathématiques. Ils ont donc cherché à définir ce qu’il y avait de mathématique dans la pensée. Ils ont cherché à exprimer la pensée à l’aide du langage des mathématiques. Ces recherches ont été décisives, elles ont marqué toute la tradition analytique.
L’intérêt pour l’analyse mathématique de la pensée a donné naissance à la logique moderne. La logique se comprend ici comme une discipline qui cherche à expliquer la pensée en mesurant et en validant ses raisonnements. Les raisonnements s’expriment par des suites de propositions linguistiques dont la vérité de la conclusion doit découler nécessairement de la vérité des propositions qui la précèdent. Ainsi, pour donner un exemple des plus simplistes, « Il pleut. S’il pleut, alors je prends mon parapluie. Conclusion : je prends mon parapluie. ». L’analyse logique permet de donner une structure mathématique à cette suite de propositions. Elle y parvient en traduisant les propositions du langage ordinaire en des propositions logiques. Cette traduction utilise un symbolisme très semblable à celui d’équations mathématiques. Le raisonnement précédent devient « P. P ⇒ Q. Q. » (avec P remplaçant « il pleut » et Q remplaçant « je prends mon parapluie »). À ce symbolisme mathématique s’ajoutent aussi des règles précises de déduction qui s’appliquent aux propositions logiques. Ces règles sont comparables aux règles du calcul arithmétique ordinaire.
Nous sommes en train de voir que ce que proposent les philosophes analytiques pour comprendre la pensée est fondée sur l’hypothèse d’un calcul mathématique de la pensée propositionnel. Cette idée a été centrale dès les premiers moments de la philosophie analytique. À cette existence sont venus se greffer plusieurs autres questionnements philosophiques. Celui qui concerne la représentation mentale est sans doute le plus important pour la philosophie de l’esprit.
Qu’est-ce qu’une pensée? Un philosophe de l’esprit pourra vous répondre : « C’est une représentation mentale dont les propriétés sont les suivantes… » Donc la pensée est représentation mentale. Vous pensez que A, vous croyez que B, vous vous souvenez de C : A, B et C sont des pensées qui représentent quelque chose d’autre, la plupart du temps quelque chose qui se passe à l’extérieur de votre tête, par exemple, la pluie qui tombe ou le parapluie que vous prenez.
On peut très bien imaginer une représentation mentale comme une photo d’un paysage. Toute la question est de savoir sous quelles conditions on peut dire que la photo est une bonne photo du paysage, par opposition à une mauvaise photo. Oublions toute considération artistique du photographe. La question est de savoir ce qui fait qu’une photo est plus réaliste, plus fidèle à la réalité qu’une autre. L’idée, c’est d’éliminer les photos qui peuvent nous induire en erreur par rapport au paysage réel. Sera-t-elle plus nette, aura-t-elle plus de détails?
Le philosophe de l’esprit qui se réclame du représentationnalisme est convaincu comme Platon de la nécessité de séparer les bonnes représentations mentales des mauvaises. Il faut distinguer les croyances réalistes, celles qui ne trompent pas, des croyances fausses. Et pour que cette distinction se fasse, il faut être capable de déterminer les règles d’une bonne correspondance entre la pensée et ce quelque chose qu’elle représente dans le monde. Dans le vocabulaire technique de la philosophie de l’esprit anglo-américaine, ces règles définissent l’intentionnalité des pensées, c’est-à-dire le fait que les représentations mentales (les pensées) soient à propos du monde extérieur, comme une photo est « à propos » d’un paysage, elle représente le paysage. L’intentionnalité désigne de manière générale le lien de représentation entre une chose et une autre. Ainsi, des relations intentionnelles existent pour les mots, les images, les photos, les statues, les symboles, tout ce qui peut représenter autre chose. Encore ici, ce qui intéresse le philosophe analytique de l’esprit, c’est de pouvoir distinguer ce qui fait une bonne représentation et ce qui fait qu’une représentation induit en erreur (en anglais, on parle alors de misrepresentation).
Pour le philosophe représentationnaliste, la pensée est avant tout représentationnelle. Mais comme il est aussi un philosophe analytique, il a aussi une préférence pour la pensée qui se décrit dans un langage mathématique, un langage précis, rigoureux, logique, un langage qui peut servir à symboliser le calcul de propositions. Tout ce qui peut nuire à la précision des pensées, à leur réalisme, doit être identifié. Mieux nous arriverons à décrire nos pensées réalistes, plus elles seront littéralement vraies, plus le philosophe de l’esprit sera satisfait.
Une mise en garde s’impose enfin. J’ai parlé tout au long de cette section du réalisme dans un sens commun, 0celui qui exprime la correspondance la plus juste, la plus fidèle entre une représentation et ce qu’elle représente. C’est en ce sens que l’on parle de récit réaliste, de personnage réaliste, d’image réaliste, de photo réaliste. J’ai étendu ici la notion jusqu’à l’appliquer à la pensée. Mais il faut savoir que les philosophes utilisent le terme « réalisme » dans un sens différent. Le réalisme philosophique s’intéresse plutôt au caractère réel des choses. Le réalisme philosophique pose la grande question de savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, ce qui est réalité et ce qui est fiction.
Le réaliste philosophique veut savoir ce qui existe vraiment. L’affirmation peut paraître banale en ce qui concerne les objets de tous les jours, les chaises, les bureaux, les voitures, la liste est longue… Mais que faire de toutes ces choses trop petites pour être vues à l’œil nu, par exemple ces atomes que décrivent les physiciens à coups de théories scientifiques et mathématiques. Est-ce que les atomes, les électrons, les quarks, existent vraiment comme nous l’affirment les théories des scientifiques?
Une raison simple de croire que les atomes des physiciens existent pour vrai serait que cette existence est nécessaire pour expliquer les succès de la science physique. Après tout, il y a bien eu la bombe atomique et les centrales nucléaires. Si les atomes n’existaient comme le disent les scientifiques, comment aurait-on bien pu fabriquer de telles choses? Si les atomes n’existaient pas, les théories scientifiques ne seraient que des fictions, il n’y aurait aucun moyen de distinguer les plus fidèles (à la réalité des atomes) des plus trompeuses. Sans le réalisme philosophique, il n’y aurait aucun moyen d’expliquer le succès des sciences.
On remarque que le réalisme philosophique vient aussi prêter main forte au réalisme ordinaire du sens commun, le réalisme des représentations. Si nos représentations sont réalistes, si elles parviennent à bien décrire le monde tel qu’il est, c’est bien parce que le monde existe tel qu’il est. Cela ne doit surtout pas signifier que le monde existe du moment que des représentations (humaines) existent pour le décrire. Au contraire, à peu près tout le monde croit que l’Univers existait avant sa description par des humains. Il ne disparaîtrait pas plus avec la mort du dernier humain, de la dernière trace de conscience sur Terre. Le monde physique existe indépendamment de ce que l’humain peut en connaître. En somme, l’humain peut découvrir son univers, il n’invente pas tout. Et la science réaliste est là pour l’aider.
Les philosophes de l’esprit accordent une grande importance aux sciences, en particulier aux sciences de l’esprit. La question est de savoir si les pensées existent comme les scientifiques les décrivent. Mais surgit aussi une autre difficulté, celle de tenter d’unifier les multiples explications scientifiques de ce qui se passe dans la tête. Les psychologues ont leurs idées, les neurologues ont leurs neurones, les philosophes ont de l’esprit. Ils posent la question du réalisme des théories et des entités théoriques. Les psychologues font l’hypothèse de l’existence des croyances pour expliquer le comportement humain. Les croyances existent-elles vraiment comme ils le disent? La pensée est-elle produite par les phénomènes physiologiques du cerveau, comme l’étudient les neurologues? Est-ce bien la pensée qui est simulée par des modèles informatiques, comme le croient les chercheurs en intelligence artificielle? Qui a raison, qui a tort? Qui donnera les meilleures explications, les plus réalistes, les plus vraies?